الفهرس 
Cadrages poïétiquesOnly 14 pages are availabe for public view
 |  | from | 551 |  |  |
| | | from | 551 | | |
Abstract
Si l’Égypte est toujours représentée dans la littérature de voyage par sa civilisation pharaonique, son histoire, ses monuments et ses croisières, ce pays offre à Alain Blottière des images d’enchantement, de sobriété et de dignité d’un peuple qui résiste pendant des décennies à toutes ingérences extérieures.
Alain Blottière est un écrivain français contemporain, dont les œuvres se caractérisent par son inspiration exotique et souvent historique, et où il travaille à confronter l’Occident actuel à d’autres civilisations, et le texte écrit à d’autres formes d’art, telle la photographie.
Parce que la photographie, comme le récit historique, interroge à la fois le passé et le présent, l’ailleurs et l’ici, nous nous sommes intéressées à envisager la relation texte-photographie et à saisir tous les éléments esthétiques de l’image –littéraire ou artistique- par l’adoption du concept de la photographicité.
Le terme photographicité, dérivé du mot « photographie », sert à accorder, à toutes autres formes, littéraires ou esthétiques, les caractéristiques techniques photographiques. Ce concept désigne : « ce qui est photographique dans une photographie [. . .]. Cette propriété abstraite qui fait la singularité du fait littéraire, la littérarité ».
L’application de la photographicité textuelle sur les dispositifs photolittéraires et les romans de Blottière, nous a permis de déterminer la référence du visuel dans la productivité verbale, de mettre l’accent sur le dynamisme discursif nourri de l’interaction entre réalité visuelle et fiction littéraire, et de lire ses textes en fonction de la technique photographique susceptible de transformer les descriptions littéraires en images-lumière.
Les ouvrages de notre corpus sont: Un voyage en Égypte : au temps des derniers rois (2003), Fils de roi, Portraits d’Égypte (2008), et Rêveurs (2012). Toutes ces œuvres mettent en parallèle l’image de l’Égypte d’autrefois avec celle de son état aujourd’hui.
La présente recherche a proposé de lire les textes de Blottière sur le plan historique, sociopolitique et surtout optique tout en analysant des anciennes photographies documentaires en noir et blanc et des portraits en couleurs du photographe français, Denis Dailleux, les accompagnant. Elle a, de même, répondu à la question de la problématique en démontrant que l’œuvre de cet écrivain français, passionné de l’Egypte, constitue un métissage de disciplines : littérature-photographie, un glissement de perspectives: la nostalgie d’hier à l’instantané d’aujourd’hui, le rêve traumatique à la réalité actuelle ; et enfin un enchevêtrement de supports : texte (récit-préface-roman) - photographie (argentique ou numérique).
La première partie de cette thèse: ”Rêver d’hier”: de l’Égypte des rois, a encadré l’histoire de l’Égypte pendant la période des derniers rois à travers quelques instants photographiques, historiques et touristiques de cette époque. En deux chapitres, nous avons démontré la pérennité de la littérature du voyage comme de la photographie qui, toutes les deux, isolent et disséminent les instants enregistrés en les coupant du passé et du futur pour les suspendre au présent.
Épris d’exotisme, le texte de Blottière a converti les lignes, les angles et les compositions des documentaires photographiques, en une description littéraire ciselée par ses propres impressions. La pluridisciplinarité de son livre-illustré a libéré son récit de sa linéarité et a produit une lecture erratique et parfois labyrinthique, qui engage le récepteur à déchiffrer le contenu tout en s’attachant à la cohérence thématique du livre.
Par son choix d’une anthologie de textes d’écrivains-voyageurs et de photographies, nous avons pu déterminer sa posture d’écrivain européenne, éblouit du charme oriental mais qui maintient un angle plongé, une focalisation zéro et une position distante d’un occidental racontant l’histoire d’un pays qui, malgré tous ses progrès, demeure à ses yeux l’une des anciennes colonies françaises.
La seconde partie consiste en une description de la société égyptienne à l’époque contemporaine. En deux chapitres, nous avons brossé un portrait moral et social du citoyen égyptien, surtout des quartiers populaires. Dans l’album photographique, le texte préfaciel éloigné des photos invite aux inputs, à la réception et à la cognition du lecteur/spectateur qui, à son tour, établit des liens de correspondance, d’opposition ou d’évocation entre la narrativité discursive et la technique photographique.
Cette implication du lecteur nous a amenée à souligner le rôle des nouveaux modes de communication : internet et réseaux sociaux, qui ont permis à l’auteur et au photographe d’accroître et de varier leur public dans l’espace interactif de ces outils. Par la lecture de son roman, sans photographies, le portrait de la jeunesse égyptienne est dressé à travers des comparaisons entre la valeur du rêve chez le jeune occidental et celle du jeune égyptien. Les métaphores et le lexique photographique qui émaillent la narration permettent au lecteur de suggérer des images photographiques qui traduisent visuellement l’imagerie textuelle de l’auteur.
Il ressort de cette étude que la rencontre entre littérature et photographie est très significative. Par le travail des mots, le ressenti pourrait se transformer en visuel et le figuratif en figural. L’acte photographique recrée la scène visuellement, l’acte littéraire, poétiquement, c’est ainsi que ces deux outils : appareil et écriture sont à la fois complémentaires et rivaux dans leur soin de retransmettre le réel.
Inviter le lecteur à dépouiller le texte littéraire de tous les éléments qui appartiennent à l’art visuel, spécialement à la photographie, c’est aussi l’exhorter à une recherche du vrai sens du réalisme, de l’instantané et du rêve. Refuser les clichés, rencontrer l’autre, se placer au sein de la société et extraire ce qui échappe aux yeux ordinaires et au troisième œil photographique, constituent l’objectif de notre thèse.