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العنوان
La Dramaturgie de l’Exclusion dans ”L’Exil”, ”La Reine morte”, ”Fils de personne” et ”Demain il fera jour” de Henry de Montherlant /
المؤلف
Halim, Mariam Talaat Edouard.
هيئة الاعداد
باحث / مريم طلعت ادوار حليم
مشرف / هاني دانيال
مشرف / سامح سعيد علي منسي
مشرف / مرجريت ميمي موريس
تاريخ النشر
2018.
عدد الصفحات
190 p. :
اللغة
الفرنسية
الدرجة
ماجستير
التخصص
الأدب والنظرية الأدبية
تاريخ الإجازة
1/1/2018
مكان الإجازة
جامعة عين شمس - كلية الألسن - اللغة الفرنسية
الفهرس
Only 14 pages are availabe for public view

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Abstract

Au terme de cette étude, le moins que nous puissions dire, c’est que l’œuvre dramatique de Montherlant est une tentative de mettre en valeur la souffrance de l’être humain qui cherche en vain à atteindre un idéal, tout en appartenant facticement à une collectivité incapable de le comprendre.
En effet, nous pouvons affirmer que l’exclusion est inhérente à tous les éléments des pièces en question. Elle est tantôt vécue, tantôt structurée comme mécanisme de défense, tantôt incarnée scéniquement, tantôt dite.
Elle est vécue par les personnages qui se trouvent dépouillés de leurs qualités supérieures. Leurs rêves se dissipent et le malheur s’acharne sur eux. Constatons que l’engagement du héros montherlantien est une lutte afin d’atteindre la hauteur. Il cherche toujours la perfection absolue et a horreur de la vie médiocre. Le fond de son problème réside dans la présence d’autrui qui est un obstacle à son épanouissement.
La famille n’est pas le refuge qui peut sauver Georges de son angoisse existentielle mais plutôt un fardeau écrasant contre lequel il ne peut pas lutter. Il souffre de la médiocrité de son fils et les différentes manières dont il a usé pour l’éduquer ont été vouées à l’échec.
La mère de Philippe est à son tour un obstacle à sa liberté, elle l’empêche de devenir lui-même, de s’épanouir.
L’Infante de Navarre est contrainte de subir une grave injustice et de ne pas pouvoir réaliser ses ambitions. Quant à Ferrante, son entourage est un supplice qui annihile son bonheur et lui ôte toute volonté.
L’exclusion est, de même, structurée comme mécanisme de défense qui endurcit les personnages et leur crée une carapace les protégeant de la menace d’autrui. Néanmoins, ce mécanisme échoue totalement. Une révolte (passive ou offensive) contre le sentiment d’être exclu n’anime que la haine et séquestre les personnages dans un cercle vicieux de mal impossible à enrayer.
L’agressivité passive de Philippe à l’égard de sa mère et son recours à la mauvaise foi n’accentuent que son sentiment d’exil. Et sa fuite à la fin de la pièce ne fait que prouver son échec à affronter la réalité.
Le nihilisme de Ferrante et sa tendance à s’auto-exclure font plonger son âme dans une grande amertume. Son recours au sadisme dans le but de faire souffrir Inès lui procure un grand plaisir pourtant fugitif. Il se trouve alors en proie à la violence puisque le sadisme va jusqu’à atteindre son apogée lorsqu’il donne l’ordre de tuer l’être cher et il meurt enfin rongé par le sentiment de culpabilité.
Le refuge d’Inès dans la rêverie est une illusion qui lui déforme la réalité. De même, sa tentative d’affirmation est considérée comme une sorte d’agression qui éveille la colère de Ferrante.
Le faux altruisme de l’Infante n’est pas le bon moyen qui puisse l’aider à se décharger de sa rage dissimulée : Inès rejette son aide et refuse de la suivre.
En recourant à la dépréciation pour humilier son fils et à la mauvaise foi pour se sauver, Carrion finit par réagir violemment et devenir l’oppresseur aux yeux de son entourage. L’identification de Gillou à son agresseur (Georges) entraîne la violence et le conduit subito vers la mort.
En gros, le héros montherlantien ne parvient jamais à éprouver le contentement et la satisfaction dans sa vie. Il est un être maudit condamné à subir l’exil et ses tentatives de révolte sont infructueuses. (Cela répond à la problématique posée dans l’introduction.)
L’exclusion est, d’autre part, incarnée scéniquement. Les représentations scéniques que nous avons étudiées sont révélatrices de la déchéance des personnages et l’impossibilité de fuir leur destin tragique. Le décor est un miroir reflétant l’ennui engluant qui livre les personnages rejetés à leur misère existentielle. De même, les costumes participent pleinement à la destruction des personnages et accentuent leur mélancolie. L’éclairage contribue à les étouffer encore plus en les enlisant dans leur inaction, et donc dans leur séquestration.
De plus, l’espace scénique se fait tombeau. Les personnages y sont repliés sur eux-mêmes et fuient tout contact avec autrui. L’extra-scène forme pour eux une utopie inatteignable. En outre, les déplacements des personnages et leur expression corporelle expriment la posture relationnelle qu’ils adoptent à l’égard de l’autre. Parfois, leurs mouvements font percevoir très clairement leurs tentatives de harceler moralement autrui et de l’intimider. Dans d’autres cas, ils traduisent la volonté des personnages de s’auto-exclure et d’éviter le contact physique avec autrui.
L’exclusion est enfin dite sur les lèvres des personnages, elle est surtout criée par les termes péjoratifs et les propos dévalorisants afin de stigmatiser autrui et de le maintenir dans un état d’insécurité. Soulignons que la comparaison, l’interrogation rhétorique, l’antimétabole, le polyptote, l’antonomase sont utilisées comme une arme qui tend à réduire à néant autrui.
Arrivée au bout de cette recherche, nous nous rendons compte que l’analyse des pièces du corpus nous a contrainte à exposer seulement les répercussions négatives de l’exclusion qui sont associées à la mélancolie et au désespoir. Il faut signaler que l’exclusion a parfois une autre face positive. À vrai dire, nous ne nions pas que le fait d’être exclu est une expérience affligeante qui plonge l’âme dans un état de détresse et qui peut être désastreuse pour la société (comme mentionné précédemment dans l’introduction) ; pourtant, cette expérience peut apporter plusieurs avantages à condition de la bien gérer. L’exclusion peut être la meilleure occasion qui permet de mieux se connaître : quand on est seul, ses pensées sont plus claires et dénuées de toute sorte de confusion. Elle est également un remède efficace lorsqu’on est cerné par un mauvais entourage : elle offre par exemple la possibilité de fuir les situations dominées par la médisance et les conversations futiles. De plus, le fait de s’exclure confère la capacité de prendre de la distance avant d’effectuer un choix important, et pour les croyants, il favorise leur rapprochement avec Dieu.
Les pièces de Montherlant les plus révélatrices de l’exclusion positive sont Le Maître de Santiago et Un incompris. L’auto-exclusion s’avère être la pleine guérison de l’âme de Don Alvaro dans Le Maître de Santiago. C’est une quête intérieure qui ouvre son cœur à l’amour divin et qui l’aide à repousser les vanités du monde. Alvaro tend seulement à accroître son trésor spirituel par les prières assidues qui sont un échange d’amour avec Dieu.
Dans Un incompris, obsédé par la méticulosité, Bruno préfère mettre fin à sa relation avec sa bien-aimée qui ne partage pas avec lui la passion de cette qualité. Cette rupture lui procure une satisfaction intérieure puisqu’à ses yeux la véritable sérénité est de garder sa vie loin du désordre et de la grossièreté.
Constatons que ce nouvel aspect de l’exclusion qui n’a pas été abordé dans la présente étude pourrait être l’objet d’étude ultérieure, une étude comparée plus approfondie et plus détaillée entre l’exclusion positive et négative dans l’œuvre dramatique de Montherlant ouvrirait beaucoup d’horizons et affirmerait que la boucle ne peut jamais être fermée vu que l’analyse psychologique de notre dramaturge de ses personnages est assez riche.
Certes, Montherlant nous laisse une œuvre dramatique exceptionnelle qui ne vieillit jamais puisqu’elle émane d’une sensibilité délicate et distinguée. Il mérite une grande admiration car son écriture est un amalgame entre la finesse spirituelle et la virtuosité incomparable :
”Portée par un langage aussi pur, soutenue par de si nobles ambitions, vouée tout entière à l’étude de l’âme, l’œuvre dramatique de Montherlant reste en dehors de la révolution dramaturgique d’après-guerre. Elle se dresse comme un monolithe en face du Théâtre Nouveau et de ce qui le suit.”