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العنوان
Le Déracinement
dans les romans de Tahar Ben Jelloun
الناشر
d’Alexandrie. Lettres. langue et de littérature françaises
المؤلف
El Chafei, Chahinaz Mahmoud Ramzi
تاريخ النشر
2006 .
عدد الصفحات
208p.
الفهرس
Only 14 pages are availabe for public view

from 210

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Abstract

Les trois pays d’Afrique du Nord, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie ont vu, à une date relativement récente, naître et se développer toute une littérature écrite en langue française, dont la vitalité n’a pas cessé de s’affirmer. Romanciers, poètes, essayistes et dramaturges attestent, par leur production, sa présence et sa valeur.
Bien que les œuvres des écrivains maghrébins de langue française aient eu au début un cercle de lecteurs bien limité , celui-ci ne tarda pas à s’élargir et à susciter plus d’attention surtout après l’attribution du Prix National des Lettres à Kateb Yacine pour L’Œuvre en Fragments et du Goncourt à Tahar Ben Jelloun pour La Nuit Sacrée en 1987.
La littérature marocaine de langue française est née autour des années cinquante. Elle a été essentiellement une littérature d’idées. Tout comme Mohammed Dib en Algérie, Driss Chraïbi au Maroc a joué le rôle difficile de précurseur avec son roman le Passé simple publié en 1954 et qui est considéré comme le premier d’une série d’œuvres profanatoires ininterrompue jusqu’à nos jours .
La création de la revue Souffles, en 1966 par Abdellatif Lâabi, constitue un événement important dans le mouvement littéraire marocain. Elle était animée par un groupe de jeunes poètes : Nissaboury, Khaïr-Eddine, Abdellaziz Mansouri et Bernard Jakobiack, auxquels se joindra un peu plus tard Tahar Ben Jelloun .
L’originalité du groupe vient essentiellement du renouvellement des formes littéraires.
Les années soixante-dix se caractérisent par une écriture de la violence qui traduit la lutte pour la réintégration d’une identité collective. Selon Marc Gontard , cette violence textuelle se caractérise par une créativité originale au lendemain de l’indépendance.
Après une violente demande d’être, les années 80 et 90, marquées par une crise des valeurs affectant non seulement la conscience politique et métaphysique mais aussi l’art et spécifiquement la littérature, témoignent d’une entrée dans l’ère post-moderne grâce à un glissement vers une problématique plus personnelle du Moi. En effet, le Moi prend conscience de son aliénation, de sa désorientation et de sa difficulté d’être à cause d’une tension, à l’intérieur du Moi bilingue, de la culture d’origine et de la culture d’adoption ou bien à cause de l’exclusion ou de la marginalisation du Maghrébin par les mécanismes sociaux.





Tahar Ben Jelloun est probablement l’écrivain marocain de langue française le plus célèbre aussi bien au Maghreb qu’en Europe. Sa situation de chroniqueur au journal le Monde, lui garantit un statut d’intellectuel et lui épargne le racisme anti-maghrébin. Journaliste de la presse écrite et radiophonique , il a publié un grand nombre d’articles et a pu même apparaître à un certain moment comme le porte-parole attitré de l’immigration. Essayiste, poète, dramaturge et romancier, son œuvre, qui a débuté autour des années soixante-dix et qui continue à enrichir le patrimoine littéraire francophone jusqu’à nos jours, constitue, nous semble t-il, une entrée et non des moindres dans l’étude de la littérature maghrébine de langue française en particulier et de la littérature francophone en général.
Tout comme Balzac, Ben Jelloun affirme qu’il faut avoir fouillé la vie sociale pour être un vrai romancier, vu que le roman est l’histoire privée des nations .
Connue d’abord par le premier roman Harrouda qui a la fâcheuse réputation d’être un roman scandale, l’œuvre jellounienne vise à réveiller la mémoire historique et à provoquer une prise de conscience en définissant les conditions sociales injustes, en évoquant les blessures passées et présentes reçues par les Maghrébins.
La plainte de Ben Jelloun est celle d’un homme qui est témoin d’une longue histoire d’injustices sociales imposées à ceux qui ne font pas partie du groupe dominant ou qui sont considérés comme inférieurs. En d’autres termes, son œuvre pose le problème de la position de l’individu face à l’hégémonie du groupe ou bien celui du déracinement, c’est-à-dire le fait d’être arraché à son milieu, à sa culture d’origine réelle ou symbolique, méprisé et livré à la réclusion et à la dépression. Sensible au malheur de ceux qui sont exclus de la société et acculés au silence, Tahar Ben Jelloun se considère comme le porte-parole des marginaux et des minorités. Il s’identifie à eux et fait entendre leurs voix. Ainsi, nous remarquons que l’univers romanesque jellounien est peuplé par d’êtres déracinés traînant leur misère et leur souffrance d’une page à l’autre.

Dans les trois romans, objet de cette étude, à savoir La Réclusion Solitaire , Les Yeux Baissés et Les Raisins de la Galère , il ne s’agit pas de la femme opprimée par une société patriarcale, comme c’est le cas de la mère du narrateur dans Harrouda ou de Zahra dans L’Enfant de Sable et La Nuit Sacrée, ou bien encore Zina dans La Nuit de l’Erreur, ni de l’employé honnête mal placé dans une société corrompue comme Mourad dans L’Homme Rompu. L’écrivain infirme de L’Ecrivain public, ou celui en quête d’inspiration

et d’amour de L’Auberge des pauvres , ne sont pas non plus nos héros . Il s’agit plutôt